Un policier mis en examen pour l'éborgnement de Fiorina Lignier lors d'un acte des Gilets jaunes
Fiorina Lignier a fait savoir sur Facebook qu'un policier avait été mis en examen dans le cadre de l'affaire qui lui a valu de perdre un œil lors d'une manifestation en décembre 2018. Elle a émis le souhait que l'on retrouve «les commanditaires».
Eborgnée en décembre 2018 (comme plusieurs Français) lors de l'acte 4 des Gilets jaunes par un projectile qu'elle attribue aux forces de l'ordre, Fiorina Lignier a annoncé le 14 mars sur son compte Facebook qu'un policier avait été «mis en examen après deux ans d'enquête». L'information a été confirmée ce 24 mars par plusieurs sources proches du dossier à l'AFP.
La jeune femme de 22 ans s'est réjouie que cette décision, qui peut néanmoins aboutir à un non-lieu, ouvre potentiellement la voie à un «procès».
«J'espère qu'on retrouvera les commanditaires», a ajouté Fiorina Lignier à l'AFP, précisant : «Je n'y croyais plus du tout. Quand je l'ai appris, c'était une grande surprise.»
Selon une source judiciaire citée par l'agence de presse, le policier, mis en examen pour «violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente», a été placé sous contrôle judiciaire.
Un tir de lanceur de balles de défense en cause
Tandis que la jeune femme soupçonnait, comme elle l'avait expliqué à RT France, un tir de grenade d'avoir causé ses blessures, une source judiciaire a indiqué à l'AFP que c'est un tir de lanceur de balles de défense (LBD) qui serait en cause.
«Sur le coup de 14 heures [le 8 décembre 2018], des casseurs ont commencé à vandaliser un commerce en face de nous, de l'autre côté de l'avenue [des Champs-Elysées], ont commencé à mettre le feu, etc. Donc les policiers ont commencé à charger pour laisser passer les pompiers justement et là, c'est le dernier souvenir que j'ai parce que je m'effondre totalement», avait-elle confié à RT France.
Des images la montraient gisant à terre sur les Champs-Elysées, le visage en sang, avant d'être transportée à l'hôpital Cochin où les médecins lui ont appris qu'elle ne retrouverait jamais l'usage de son œil gauche, touché par le projectile.
«On vit ça comme un deuil, la colère se mélange à la tristesse. Quand je voyais mes frères baisser les yeux, ma mère pleurer, c'était affreux», avait notamment expliqué l'étudiante en philosophie au Parisien.
Fiorina Lignier avait déposé plainte. Une enquête, confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), puis une information judiciaire, le 19 juin 2019, avaient été ouvertes.