Interpellés pour rien dans le Bois-de-Boulogne ? Mediapart accuse la préfecture de mensonge
Une affaire de 2019 refait surface via Mediapart qui diffuse des images montrant une interpellation où la police ouvre le feu dans le Bois-de-Boulogne à Paris. Le mis en cause est relaxé mais les policiers pourraient être poursuivis.
Selon les informations de Mediapart, la préfecture de police de Paris aurait «menti pour couvrir les tirs d’un policier sur des jeunes innocents» dans le cadre d'une affaire d'avril 2019 que le site d'investigation a exhumé à la faveur d'un jugement intervenu au mois de novembre 2020.
Dans cette affaire, survenue le 30 avril 2019 à 2 heures du matin, six individus de 16 à 22 ans ont été interpellés à Paris après l'immobilisation de leur véhicule par des voitures de police banalisées. Mediapart explique : «Ce soir-là, Paul part avec cinq de ses amis "pour faire une virée dans Paris. On est allé au bois de Boulogne. Certains n’y étaient jamais allés et on s’était lancé des paris. C’était aussi idiot que ça." Après avoir demandé des feuilles pour rouler des cigarettes à une prostituée, les six jeunes s’apprêtent à quitter le bois lorsqu’au niveau d’un feu rouge une voiture les dépasse et se met en travers de leur route.»
A l'intérieur de cette première voiture se trouvent des fonctionnaires d'une brigade anticriminalité de Paris à la recherche d'un sac à main volé. Rapidement, la voiture des individus suspectés du vol est encadrée par d'autres véhicules de police banalisés et bientôt un des fonctionnaires tire à deux reprises dans leur direction après que le conducteur ait tenté de reculer en percutant un des véhicules banalisés.
Les individus sont extraits du véhicule et leur garde à vue ne débouche sur aucune suite, sauf pour le conducteur, dénommé Paul, dont la garde à vue est prolongée et qui vient seulement d'être relaxé en novembre 2020 des chefs de «violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique, avec arme par destination sans incapacité totale de travail.»
Interrogée à cet égard par Mediapart, la préfecture de police semble avoir cherché à botter en touche le 16 novembre en déclarant que le parquet avait «conclu à la légitime défense» à l'égard du fonctionnaire lors de l'interpellation et que cela expliquait qu'«aucune procédure administrative [n'ait] été diligentée à l’encontre du policier ayant fait usage de son arme de service».
Poursuites à venir contre les policiers ?
Et Mediapart d'évoquer une «source judiciaire» faisant savoir que le parquet n'avait «rien conclu de tel», puis de préciser que les «policiers pourraient bien être poursuivis» dans cette affaire pour violences par personne dépositaire de l'autorité publique.
Selon le site d'investigation, la préfecture de police de Paris a repris attache avec le média le 28 novembre en «légitimant cette fois l’absence de suspension des policiers par "la complexité juridique de cette affaire"».
Les journalistes de Mediapart concluent donc : «Une communication qui s’emmêle pour tenter de justifier qu’aucune mesure n’a été décidée par le préfet Didier Lallement à l’encontre de ces agents.»
Les images de vidéosurveillance ayant été communiquées par la justice au mis en cause relaxé, dénommé Paul, diffusées sur le site de Mediapart, relancent cette affaire et montrent effectivement une intervention de police mouvementée dans le Bois-de-Boulogne avec usage de l'arme de service de la part d'un fonctionnaire de police en civil, qui, comme ses collègues, ne portait pas de brassard.