Des journalistes pris à partie par la police lors de la manifestation contre la loi Sécurité globale
Au cours de la manifestation du 21 novembre contre le projet de loi Sécurité globale, certains journalistes ont été pris à partie par la police. Contredisant au passage les déclarations de Gérald Darmanin la veille à l'Assemblée nationale.
Sur la place du Trocadéro (Paris XVIe) étaient réunis ce 21 novembre plusieurs milliers de personnes à l'appel des syndicats de journalistes contre le projet de loi Sécurité globale pénalisant la diffusion malveillante d'images des forces de l'ordre et jugé, par ses opposants, attentatoire à «la liberté d'expression» et à «l'Etat de droit».
La manifestation s'est déroulée dans le calme jusqu'en fin de journée où des échauffourées ont commencé à éclater entre des manifestants et la police.
Tensions et jets de projectiles en verre sur les forces de l'ordre #Paris#LoiSecuriteGlobale#SecuriteGlobalepic.twitter.com/iOKNdXk4kR
— Lucas Léger (@lucas_rtfrance) November 21, 2020
Après des jets de projectiles, la police est intervenue pour disperser les manifestants. C'est lors de ces échauffourées au cours desquelles plusieurs manifestants ont été mis en garde à vue et certains blessés que des journalistes ont été également pris à partie par les forces de l'ordre.
Alors qu'elle couvrait la manifestation, la journaliste de RT France Meriem Laribi a ainsi été menacée d'interpellation. Notre reporter, qui portait son brassard «presse» de manière visible, était en train de filmer l'interpellation d'une jeune femme à proximité de la place du Trocadéro, quand plusieurs policiers se sont dirigés vers elle. «Si dans 30 secondes vous n'êtes pas partie vous êtes interpellée», lui a alors intimé l'un des policiers, alors que celle-ci filmait à bonne distance, sans entraver l'action des forces de l'ordre. «C'est des ordres !», a encore lancé le policier, alors que celle-ci soulignait son bon droit et son statut de journaliste. Meriem Laribi a pu témoigner de son expérience sur l'antenne de RT France.
Le journaliste du Média Filippo Ortona a été, quant à lui, projeté au sol par le croche-pied d'un policier, lors d'une violente charge survenue après les heurts en fin de manifestation. La séquence a été filmée par les caméras de l'agence vidéo Ruptly.
Le journaliste a témoigné ensuite sur Twitter pour expliquer qu'à la suite de cette chute, son matériel était cassé et que les frais s'élèvent à «plusieurs centaines d'euros de réparation».
Alors que je faisais mon boulot pour @LeMediaTV à la manif #StopLoiSecuriteGlobale, un policier m'a fait un croche pied qui m'a envoyé à terre. Résultat : matos cassé, plsrs centaines d'euros de réparations. Je vous envoies la facture à quelle adresse, @prefpolice ? pic.twitter.com/TzhCocm7zP
— Filippo Ortona (@filipp3si) November 21, 2020
L'agence de presse Line Press a, quant à elle, témoigné sur Twitter de la situation de journalistes coincés dans une nasse formée par la police en fin de manifestation. L'agence a rapporté que des journalistes «français et étrangers [avaient été] nassés et privés de travailler.» Avant d'ajouter que la situation ne s'était «jamais vu[e] en France».
Ce soir à #Paris alors qu'ils couvraient la fin de la #manifestation contre le #PPLSecuriteGlobale tous les journalistes de toutes les rédactions français et étrangers sont nassés et privés de travailler. Du jamais vu en #France. Une cinquantaine de journalistes encerclés. pic.twitter.com/efiTWkug7c
— LINE PRESS (@LinePress) November 21, 2020
Aucun journaliste ne sera empêché de filmer, avait promis Darmanin
Différents incidents notables sont survenus au cours de cette manifestation contre la loi Sécurité globale accusée justement, par ses opposants, de faire reculer la liberté de la presse et de porter atteinte à «la liberté d'expression». Des incidents également en contradiction avec ces propos tenus par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à l'Assemblée nationale la veille de la manifestation. Il affirmait alors : «Aucun policier de France, aucun gendarme de France, n'est autorisé et ne sera autorisé et si c'est le cas, sera évidemment sanctionné, d'empêcher quelqu'un de filmer.»
Une affirmation de Darmanin qui mérité d'être archivée :
— David Perrotin (@davidperrotin) November 20, 2020
"Aucun policier de France, aucun gendarme de France, n'est autorisé et ne sera autorisé et si c'est le cas, sera évidemment sanctionné, d'empêcher quelqu'un de filmer» #PPLLoiSecuriteGlobalepic.twitter.com/njVLn2nXZd
Ce 21 novembre, les policiers n'ont visiblement pas respecté à la lettre les déclarations de leur ministre face aux députés de l'Assemblée nationale.