Affaire Bétharram : les victimes dénoncent l’inaction face aux plaintes de Bayrou

Les victimes de l’affaire Bétharram dénoncent l’inaction de François Bayrou, qui a qualifié le scandale de «dégueulasse» pour sa famille. Malgré ses promesses de février 2025, aucun fonds d’indemnisation ni conseil des victimes n’a été créé. La commission parlementaire et des témoins pointent son manque d’action lorsqu’il était ministre.
Le Premier ministre François Bayrou a qualifié l’affaire des violences sexuelles et physiques à l’école Notre-Dame de Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, de « combat très dur » et de « dégueulasse » pour sa famille, suscitant l’indignation du collectif des victimes.
Ce scandale, révélé en 2024, concerne des décennies d’abus dans cet établissement catholique, où plusieurs de ses enfants ont été scolarisés et où son épouse enseignait le catéchisme. Le collectif, par la voix d’Alain Esquerre, accuse Bayrou d’inaction : « Il est surtout dégueulasse que, malgré les engagements pris, rien n’ait été fait. »
En février 2025, François Bayrou avait rencontré les victimes à Pau, promettant la création d’un fonds d’indemnisation et d’un conseil des victimes. Mais ces mesures sont restées « lettre morte », selon le collectif. Le plan gouvernemental de lutte contre les violences dans les écoles privées, annoncé en réponse à l’affaire, attend toujours une évaluation de son efficacité.
Bayrou en difficulté
L’affaire, qui compte 217 plaintes, dont une centaine pour des faits à caractère sexuel commis entre les années 1950 et 1990, met Bayrou sous pression. Une commission d’enquête parlementaire, dont le rapport a été publié le 2 juillet 2025, pointe son « défaut d’action » lorsqu’il était ministre de l’Éducation (1993-1997) et président du département (1992-2001).
Des témoins, comme Françoise Gullung, enseignante à Bétharram de 1994 à 1996, affirment avoir alerté Bayrou sur l’atmosphère violente, sans réponse. Mediapart a révélé des courriers et des rencontres, notamment avec un juge en 1998, suggérant qu’il était informé, ce qu’il nie, dénonçant un « tribunal politique ».
La gauche, notamment LFI, accuse Bayrou de mensonge et exige sa démission, tandis que le RN adopte une position plus nuancée. Le témoignage de sa fille, Hélène Perlant, victime de violences physiques, a ajouté une dimension personnelle. Bayrou affirme n’avoir eu connaissance que de « gifles ». Le collectif insiste sur l’urgence de reconnaître et d’indemniser les victimes, toujours en attente de justice.