Dissolution de l’IESH : une école d’imams accusée de légitimer le djihad armé

L’Institut européen des sciences humaines, soupçonné de promouvoir un islam radical et de légitimer le djihad armé, a été dissous en Conseil des ministres le 3 septembre. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau dit vouloir intensifier la lutte contre l’influence des Frères musulmans.
Une école de formation d’imams basée à Saint-Léger-de-Fougeret dans la Nièvre et répondant au nom d’Institut européen des sciences humaines (IESH), a été dissoute mercredi 3 septembre lors du Conseil des ministres, à la demande du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
La lutte contre l’entrisme de la mouvance frériste se poursuit.
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) September 3, 2025
Aujourd’hui l’Institut Européen des Sciences Humaines a été dissout en Conseil des ministres à ma demande. Il prônait un islam radical et légitimait le jihad armé.
Je remercie les services de l’État qui, au…
Cette décision s’inscrit dans une lutte contre l’entrisme des Frères musulmans, accusés de menacer la cohésion nationale.
Une institution en France depuis 33 ans
Selon Bruno Retailleau, l’IESH, fondé en 1992 sous l’égide de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, devenue Musulmans de France), prônerait un « islam radical » et légitimerait « le djihad armé ». Un rapport commandé par Emmanuel Macron et publié au printemps dernier avait pointé du doigt l’IESH comme une institution clé de la mouvance frériste en Europe, soulignant son rôle dans un islamisme « par le bas ».
Le journaliste Georges Malbrunot a rappelé à l’occasion de cette dissolution qu’il avait « consacré un chapitre dans Qatar Papers à cette "école de formation" des imams dans le Morvan »
L'Institut Européen des Sciences Humaines dans la Nièvre a été dissous en Conseil des ministres, annonce sur X le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, au nom "de la lutte contre l'entrisme de la mouvance frériste (qui) se poursuit".
— Georges Malbrunot (@Malbrunot) September 3, 2025
Avec Christian Chesnot, nous avions… pic.twitter.com/HNiytLmLjB
Les accusations se sont intensifiées après une perquisition en décembre 2024, menée par l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF). L’enquête, ouverte par le parquet de Nevers, porte sur des soupçons de blanchiment, d’abus de confiance et de non-déclaration de financements étrangers, notamment en provenance du Qatar, en violation de la loi de 2021 contre le séparatisme. Le doyen de l’IESH, Larabi Becheri, a rejeté ces allégations, affirmant à l’AFP que l’institut n’avait reçu aucun don étranger depuis 2018, date à laquelle un financement qatari avait été déclaré. « Nous formons des imams à la française pour éviter le radicalisme », a-t-il plaidé, insistant sur l’indépendance de l’établissement.
Malgré ces dénégations, les autorités ont maintenu la pression. En juin 2024, les avoirs de l’IESH avaient été gelés pour six mois, et une enquête pour abus de confiance avait déjà visé son antenne de Saint-Denis en 2020. Installée dans un hameau isolé du Morvan, l’école, qui scolarise entre 1 500 et 2 000 élèves, était sous surveillance depuis plusieurs années.
Bruno Retailleau a salué l’engagement des services de l’État dans ce « combat vital » pour contrer l’agenda islamiste, tandis que l’IESH envisage un recours en référé pour contester la décision.
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, 46 dissolutions ont eu cours en France contre seulement 63 pour l’ensemble des autres présidences depuis 1958.