Motion de censure contre von der Leyen : une ONG lithuanienne pointe du doigt les médias russes

Selon un rapport d’une ONG lithuanienne, ébruité par le Spiegel, les médias «liés au Kremlin» auraient «attisé les tensions en ligne», à l’occasion de la motion de censure qui a visé début juillet la présidente de Commission européenne. Leur tort est, une fois n’est pas coutume, d’avoir «relayé» des critiques à l’égard de l’establishment européen.
« Plusieurs médias russes ont relayé des déclarations critiques à l'égard de von der Leyen, y compris dans d'autres langues, comme l'allemand et l'espagnol », peut-on lire dans un article publié ce 19 juillet par Der Spiegel. La cause de cette accusation : la motion de censure qu’a essuyée le 10 juillet la présidente de la Commission européenne. Une motion rejetée « sans surprise », à 175 voix contre 360, comme le titrait un site d’information européiste.
Pour autant, cette initiative de parlementaires européens aurait, selon les propos du magazine allemand, « également bénéficié d'un soutien massif de la part des médias pro-Kremlin, de blogueurs et d’influenceurs ». « L'AfD et le BSW n'ont pas été les seuls à mobiliser des soutiens en faveur de la motion de censure », rapporte le Spiegel.
Ce dernier cite alors un rapport de Debunk.org, une ONG qui, précise le magazine allemand, reçoit notamment des financements du think tank atlantiste German Marshall Fund of the United States (GMF), ainsi que du ministère britannique des Affaires étrangères.
Dans ce document, que le Spiegel se serait procuré avant sa publication « les spécialistes étudient comment les récits russes sur les réseaux sociaux ont fait leur chemin dans les débats publics des États européens », relate le magazine allemand.
Toujours selon ce dernier, le principal argument dans plus du tiers de ces articles « analysés » serait « que seul le départ de von der Leyen pourrait sauver l'Europe ». « Le deuxième argument le plus populaire», a-t-il poursuivi, est que la présidente de la Commission européenne « appartenait à une élite corrompue qui escroquait la population au profit de l'entreprise pharmaceutique Pfizer ».
L’« ingérence » russe ? … toujours le même refrain
« Moins fréquemment, on trouvait des histoires selon lesquelles von der Leyen était une autocrate légitimée de manière non démocratique et obsédée par la confrontation avec la Russie », ajoute encore le magazine allemand qui cite alors « la chaîne de propagande russe RT » et le site EADaily.
Time to go. pic.twitter.com/utLYFKQz6b
— Orbán Viktor (@PM_ViktorOrban) July 9, 2025
Autre stigmate, brandie par Der Spiegel, de cette influence du Kremlin qui aurait pris jusqu’au cœur des capitales européennes : un tweet du Premier ministre Viktor Orban, lançant le 9 juillet un « Time to go » (« Il est temps de partir », ndlr.) dans un photomontage détournant les codes graphiques du Time Magazine. « Ce post a à lui seul recueilli plus de quatre millions de vues et environ 20 000 republications sur X », constate le média allemand, sans en dire davantage sur où il veut en venir.
Depuis des années, des organisations, en particulier liées au GMF, dressent régulièrement un hypothétique lien entre le Kremlin et ceux qui – dans la sphère politique occidentale où sur les réseaux sociaux – tiennent ou relaient une ligne « qui reflète » le point de vue russe.
Ainsi, en février 2022, l'Alliance for securing democracy (ASD) – rattachée au GMF – avait sur la base du succès de leurs vidéos sur Youtube accusé RT France et Sputnik France d’avoir « promu des récits critiques à l'égard des vaccins et/ou des mesures d'atténuation du coronavirus en France, notamment le passeport vaccinal du gouvernement Macron ». Une rengaine également observée concernant le mouvement des Gilets jaunes.