Attentat de Charlie Hebdo : 10 ans après, la classe politique et médiatique entre hommages et règlements de comptes
Alors que des hommages ont lieu en France ce 7 janvier, dix ans après l’attentat qui a frappé la rédaction de Charlie Hebdo, les personnalités politiques et médiatiques ont fait un point sur la décennie écoulée.
«La menace est toujours là […] il faut aussi voir le terreau de cette menace qui est l’islamisme […] l’islam politique, cette matrice-là est portée aujourd’hui en France par les Frères musulmans», a déclaré ce 7 janvier au micro de RTL le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau, à l'occasion des dix ans de l’attentat qui a frappé Charlie Hebdo.
Il y a une décennie, les locaux du journal satirique étaient pris d’assaut par deux terroristes islamistes, les frères Kouachi, faisant douze morts et plusieurs blessés. Une date anniversaire qui a donné lieu à des commémorations et hommages politiques et médiatiques, mais également à quelques règlements de comptes.
Entre constat d’échec et défense de la liberté d’expression
À droite, le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a déploré sur son compte X le recul de la liberté d’expression, estimant que «cet esprit français cède du terrain parce que nous n’osons pas mener le combat frontal contre une idéologie totalitaire».
«Ceux qui aiment la France et les principes qu’elle incarne seront toujours Charlie», a pour sa part déclaré le président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale Laurent Wauquiez, et de publier la une du jour de cet hebdomadaire.
10 ans. Le 7 janvier 2015, Charlie Hebdo payait le prix du sang parce qu'ils refusaient la soumission. Hier comme aujourd’hui, ceux qui aiment la France et les principes qu’elle incarne seront toujours Charlie. #JeSuisCharliepic.twitter.com/tZdK9IUdgh
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) January 7, 2025
Le président de Reconquête! Éric Zemmour s'est montré plus offensif en affirmant qu’après les attentats «la nation fut résolue à vaincre le djihadisme. Mais les politiciens n’ont rien fait de cette détermination. Il est temps d’en changer».
Des membres du gouvernement ont également posté des messages à l’image du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. «Il y a 10 ans, le terrorisme islamiste frappait la France. 10 ans plus tard, nous sommes toujours Charlie», a-t-il posté. «Le terrorisme islamiste, la barbarie fanatique, la haine de ce que nous sommes n’auront jamais raison de nous», a pour sa part déclaré le président du groupe Renaissance, et ancien Premier ministre, Gabriel Attal.
«10 ans après toujours Charlie», a également écrit, à gauche, le secrétaire général du Parti communiste Fabien Roussel, donnant «rendez-vous» le 8 janvier pour «l’inauguration de l’exposition des caricatures de Charlie Hebo» qui se tiendra dans les locaux du Parti communiste à Paris en présence notamment de la femme de l’ancien président François Hollande, Julie Gayet, mais également de la journaliste Natacha Polony qui doit quitter la direction de l’hebdomadaire Marianne.
Peu d’Insoumis s’était prononcés sur le sujet sur leurs réseaux sociaux le 7 janvier au matin. «Je suis Charlie», a néanmoins déclaré au micro de Sud Radio le député LFI de l'Essonne Antoine Léaument, et fait valoir «une journée de deuil».
Aujourd'hui c'est une journée de deuil.
— Antoine Léaument 🇫🇷 (@ALeaument) January 7, 2025
Nous pleurons les victimes de Charlie Hebdo, de Montrouge, de l’Hypercacher.
Nous devons avoir un sentiment de mémoire et de respect pour les victimes. pic.twitter.com/PccDbaJbgO
Dans les médias, plusieurs éditorialistes ont également évoqué le sujet, à l’image de la chroniqueuse de France Inter Sophia Aram qui a dénoncé «le silence assourdissant de tous les laïcs qui se taisent et qui attendent de pleurer ceux qui continuent de mourir pour défendre notre liberté de parler» et assimilé l’islamisme à un «totalitarisme».
Sur CNews, l’éditorialiste Charlotte d’Ornellas a elle estimé: «on peut être Français sans aimer ces caricatures», et d’affirmer que la caricature et le blasphème ne sont pas «le pilier de notre ADN».
Charlotte d’Ornellas, sur les 10 ans des attentats commis contre Charlie Hebdo : «On peut être Français sans aimer ces caricatures» dans #HDProspic.twitter.com/DCUgbTyONB
— CNEWS (@CNEWS) January 7, 2025
De son côté, le journaliste Raphaël Enthoven a publié un long message en dix points expliquant doctement ce qu’est «être Charlie».
Des commémorations ont lieu à Paris et dans plusieurs villes de France toute la journée. D’autres hommages auront également lieu les 8 et 9 janvier, dates marquées par d’autres attentats à Montrouge et dans un supermarché casher.