Conflit en Ukraine : Macron «n’exclut pas» de dialoguer avec Poutine, le Kremlin se dit «prêt»
Lors d’un long entretien accordé au podcast «Génération Do It Yourself», le président français a déclaré ne pas exclure de dialoguer avec son homologue russe. Un dialogue qu’il n’estime «crédible» qu’à l’aune du soutien militaire à l’Ukraine. Le Kremlin a indirectement répondu être «prêt au dialogue».
«Je crois dans la force du dialogue et je continue le dialogue avec Vladimir Poutine», a déclaré le 24 juin Emmanuel Macron, dans le podcast Génération Do It Yourself.
Celui-ci a déclaré ne plus avoir dialogué «ces derniers mois» avec son homologue russe. Avant d'ajouter : «Mais je n’exclus pas de le faire sur tel ou tel sujet.» «Je le dis sincèrement, je pense que c’est toujours important de continuer le dialogue, de ne pas lâcher ce fil, de ne pas laisser les gens s’isoler», a encore ajouté Emmanuel Macron.
«Poutine était et reste prêt au dialogue, notamment au dialogue pour le bien des affaires», a commenté ce 25 juin le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, interrogé par la presse sur ces propos du président français.
Dans cet entretien de près de deux heures, diffusé à moins d’une semaine du premier tour des législatives, Emmanuel Macron a par ailleurs défendu son bilan en matière de soutien militaire à Kiev.
Un soutien qui, selon Emmanuel Macron, permet de «dialoguer de manière crédible» avec la Russie. Si nous n’avions pas fait […] ce qu’on a fait pour l’Ukraine depuis deux ans, il n’y aurait plus de dialogue parce que l’Ukraine aurait été absorbée», a défendu le président français, mettant en avant que «plus de 90%» de ce que l’Ukraine utilise, «c’est ce qu’on lui livre».
«La fermeté est la condition de la crédibilité qui permettra d’avoir une paix durable», a-t-il par ailleurs déclaré, après avoir assuré qu’il n’était pas un «va-t-en guerre» et avoir «depuis le premier jour» tout fait «pour qu’il n’y ait pas de guerre». «La faiblesse ou la complaisance avec Poutine, que certains autres prônent, elle peut sembler plus favorable à la paix à court terme, mais c’est un peu une paix capitularde, car si on dit qu’il faut faire la paix en cédant à la loi du plus fort il ne s’arrêtera pas», a-t-il insisté.
Troupes françaises en Ukraine : Macron a-t-il reculé ?
«Je n'ai pas changé de numéro, si le président Poutine a des propositions sérieuses pour avancer, je prendrai l'appel», avait déjà déclaré avec légèreté, mi-décembre 2023, Emmanuel Macron à la presse, au lendemain de la conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine où celui-ci avait regretté qu’«à un moment», le président français avait «arrêté les échanges avec Moscou».
Cette nouvelle déclaration d'Emmanuel Macron intervient alors que les relations sont au plus mal entre Paris et Moscou, en raison notamment du refus du président français d'exclure la possibilité d'un envoi de troupes occidentales en Ukraine en février dernier, au nom d'une «ambiguïté stratégique» selon lui nécessaire face à la Russie.
Le dirigeant français a toutefois affirmé dans le même podcast ne pas penser que l'armée française irait «s'engager sur le sol ukrainien demain». Le président français était interrogé sur la «peur» d'un Français de voir le conflit ukrainien atteindre la France.
La diplomatie russe a maintes fois prévenu que des troupes françaises en Ukraine deviendraient des «cibles légitimes» pour les forces russes, dénonçant de surcroît la rhétorique «de plus en plus belliqueuse» de Paris.