Etats-Unis : l'inflation au plus haut depuis 40 ans
- Avec AFP
Les prix à la consommation ont repris leur escalade en mai aux Etats-Unis, battant un nouveau record vieux de 40 ans. Le président américain Joe Biden a appelé à «faire plus et rapidement» pour maîtriser cette hausse.
L'inflation est de nouveau au plus haut depuis 40 ans aux Etats-Unis. Les prix à la consommation ont bondi de 8,6% sur un an, selon l'indice des prix à la consommation (CPI) publié le 10 juin par le département du Travail. La hausse atteint 1% sur un mois, après +0,3% en avril.
«Nous devons faire plus et rapidement» pour ralentir l'inflation, a affirmé le président américain dans un communiqué, rappelant qu'il s'agissait de sa «priorité économique». Ces chiffres sont mauvais pour Joe Biden à quelques mois d'une échéance électorale cruciale, qui verra le renouvellement d'une large partie des élus du Congrès.
«Mon administration continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire baisser les prix pour le peuple américain», a-t-il promis, appelant également le Congrès – le Parlement américain – à adopter rapidement un texte de loi pour empêcher les transporteurs maritimes de gonfler les prix.
«Nous avons tous notre part à faire pour réduire l'inflation», a-t-il souligné. Il s'en est également pris aux géants pétroliers américains, afin qu'ils «n'utilisent pas les difficultés créées par la guerre en Ukraine comme une raison d'aggraver les choses pour les familles avec des prises de bénéfice excessives ou des hausses de prix».
«Exxon a gagné plus d'argent que Dieu ce trimestre», a ensuite plaisanté le président américain, à l'issue d'un discours au port de Los Angeles (Californie), reprochant de nouveau au pétrolier de ne pas pomper plus de pétrole, ce qui pourrait faire baisser les prix, dans le simple but de faire grimper ses bénéfices.
Les Républicains fustigent l'action gouvernementale
L'opposition républicaine a en retour accusé la politique économique du président démocrate d'être inflationniste : «Dans l'Amérique de Joe Biden, les produits de première nécessité ont des prix d'articles de luxe», a raillé la présidente du Comité national républicain (RNC), Ronna McDaniel.
Logement, essence, billets d'avion, alimentation, voitures neuves et d'occasion, mais aussi soins médicaux, vêtements : l'augmentation a été générale, douchant les espoirs d'un ralentissement durable de l'inflation, timidement entamé en avril.
Les difficultés d'approvisionnement, débutées avec la pandémie de Covid-19, ont fait grimper les prix partout dans le monde, mouvement accentué aux Etats-Unis par une pénurie de main-d'œuvre, alors que des aides financières du gouvernement ont stimulé la demande. L'inflation par rapport à mai 2021 est de 34,6% pour l'énergie – plus forte hausse depuis septembre 2005 – et 10,1% pour l'alimentaire – plus importante progression depuis mars 1981.
Alors que les Américains sont très dépendants de leur voiture et plébiscitent souvent des modèles gourmands en carburant, les prix de l'essence battent chaque jour de nouveaux records, atteignant le 10 juin en moyenne 4,986 dollars le gallon (soit 4,74 euros les 4,55 litres), contre 3,073 dollars (2,92 euros) il y a un an (+62%).
Cela a même fait bondir d'un tiers les demandes d'assistance pour panne sèche en avril, selon les données de l'association d'automobilistes AAA, citées par le Washington Post.
Vers une hausse des taux directeurs
En excluant l'énergie et l'alimentation, l'inflation dite sous-jacente est néanmoins stable sur un mois, à +0,6%, et ralentit même sur un an, à +6%.
Cette situation devrait convaincre la Banque centrale américaine de donner un tour de vis supplémentaire à ses taux directeurs lors de la réunion de son comité monétaire.
L'institution est à la manœuvre, son principal levier étant de freiner la demande des consommateurs et des entreprises, via les hausses de taux directeurs.
Elle les a déjà relevés à deux reprises, d'un quart de point puis d'un demi-point de pourcentage, jusqu'à la fourchette de 0,75 à 1%.
La lutte contre l'inflation risque de peser sur l'économie américaine, faisant même craindre une récession. Le chômage, lui, pourrait repartir à la hausse.