Janet Yellen : ne pas relever la dette «précipiterait probablement une crise financière historique»
- Avec AFP
Le gouvernement des Etats-Unis a besoin du Congrès pour financer son budget. Dans le Wall Street Journal, la secrétaire au Trésor prévoit une crise financière historique, si le plafond des 28 400 milliards de dollars de la dette n’est pas dépassé.
La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a choisi le Wall Street Journal pour alerter l’opinion : si le Congrès ne relève pas le plafond de la dette, cela risque de provoquer «une crise financière historique», écrit-elle dans une tribune. «Le défaut pourrait déclencher une flambée des taux d'intérêt, une chute brutale des cours des actions et d'autres troubles financiers», ajoute la secrétaire américaine au Trésor de Joe Biden.
Le plafond de la dette, que seul le Congrès a la prérogative de relever, est entré en vigueur le 1er août. Il interdit aux Etats-Unis d'émettre de nouveaux emprunts pour se financer si la limite actuelle de 28 400 milliards de dollars n'est pas relevée. Ce relèvement fait régulièrement l'objet de bras de fer politiques au Congrès. Depuis les années 1960, le plafond de la dette a été relevé ou suspendu quelque 80 fois.
La semaine dernière, les services du Trésor ont prévenu que l’Etat fédéral serait à court d'argent «courant octobre». Janet Yellen décrit dans son éditorial les effets possibles d’un défaut de paiement. Elle imagine par exemple qu’en quelques jours, des millions d'Américains pourraient être à court d'argent ; que près de 50 millions de personnes âgées pourraient cesser de recevoir des chèques de sécurité sociale pendant un certain temps ; que les troupes pourraient ne pas être payées ou encore que des millions de familles qui dépendent du crédit d'impôt mensuel pour enfants pourraient subir des retards. «L'Amérique, en bref, manquerait à ses obligations», résume la secrétaire au Trésor.
Même si les Etats-Unis n'ont jamais fait défaut – «pas une fois», souligne madame Yellen – elle rappelle l'épisode de 2011 «qui a conduit l'Amérique au bord de la crise». Sous l'administration Obama, l'impasse politique au Congrès a même conduit l'agence de notation Standard and Poor's à retirer la note «AAA» à la dette américaine, provoquant une onde de choc sur les marchés.
Tout ce qui est acheté à crédit
Enfin, Janet Yellen, qui aussi est docteur en Economie, rappelle l’avantage d’une solide signature de la dette souveraine d’un pays, et les risques que représentent une brusque remontée des taux (ce qui se produirait si un gros débiteur faisait défaut) : «Nous pouvons emprunter à moindre coût que presque n'importe quel autre pays, et un défaut de paiement mettrait en péril cette position budgétaire enviable. Cela ferait également de l'Amérique un endroit plus cher à vivre, car le coût d'emprunt plus élevé retomberait sur les consommateurs. Paiements hypothécaires, prêts automobiles, factures de carte de crédit – tout ce qui est acheté à crédit serait plus coûteux après le défaut.»
Pour conclure, la secrétaire au Trésor américain conteste que l’on puisse justifier un tel blocage au nom de «la responsabilité fiscale», et souligne que 97% du solde du budget en débat a été encouru par les congrès et les administrations présidentielles précédents. «Même si l'administration Biden n'avait autorisé aucune dépense, nous aurions toujours besoin de nous attaquer au plafond de la dette maintenant», plaide la Janet Yellen.