Le pass sanitaire devrait prolonger le «quoi qu’il en coûte» et alourdir encore la dette
Depuis son entrée en vigueur le 21 juillet, le pass sanitaire aurait réduit l’activité de secteurs comme la restauration, les cinémas et autres lieux de loisirs. Mais le ministre de l’Economie a promis de nouvelles compensations financières.
«Il n'est pas question d'abandonner qui que ce soit dans cette crise», a déclaré le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance Bruno Le Maire, reçu dans la matinée du 28 juillet sur RTL. Il était interrogé par le journaliste Stéphane Carpentier sur l’éventuelle réponse de l’Etat aux difficultés mentionnées par certains secteurs d’activité depuis l’entrée en vigueur du pass sanitaire le 21 juillet.
La veille, l’AFP avait rapporté les déclarations des exploitants de salles de cinéma, qui évoquaient une chute de fréquentation de 70% entre le 20 et le 21 juillet. Et en début de semaine, le président du Syndicat national des espaces de loisirs, d'attractions et culturels (Snelac), Arnaud Bennet, avait fait état d'une chute d'activité de 20 à 70% selon les parcs.
Le ministre a d’abord souligné que les différents dispositifs d’aides de l’Etat comme le fonds de solidarité et le financement du chômage partiel étaient maintenus pour les mois de juin, juillet et août. Bruno Le Maire a aussi annoncé une rencontre, le jour même, en compagnie de la ministre de la Culture Roseline Bachelot, avec les directeurs de théâtres, de cinéma et autres salles de spectacles, tandis que le ministre délégué aux PME Alain Griset avait reçu la veille les exploitants de parcs de loisirs.
Le locataire de Bercy a aussi annoncé qu’il recevrait le 30 août, «l'ensemble des secteurs auxquels un pass sanitaire est imposé», afin d'évaluer leurs pertes de chiffre d’affaires et de prendre «les décisions nécessaires pour les aider.»
Nouvelles dépenses d'un montant inconnu
Ces nouvelles dépenses, dont le montant est aujourd’hui inconnu, devraient s’ajouter à celles du plan d’investissement qui doit être présenté par le président de la République à la rentrée, et contribuer encore à la sévère et durable détérioration des finances publiques.
Dans son dernier rapport paru le 22 juin, la Cour des comptes rappelait qu’avant même le début de la crise, avec un niveau rapporté au produit intérieur brut (PIB) de 3,1% de déficit public et de 97,6% d’endettement, la France disposait «de moins de marges de manœuvre que la plupart de ses partenaires européens». Elle était en outre, avec l’Espagne, le seul pays de la zone euro affichant un déficit primaire, c’est-à-dire hors prise en compte de la charge d’intérêts.
Les mesures de restrictions d’activités et de déplacements prises à partir du mois de mars 2020 pour tenter d’enrayer la propagation de l’épidémie de Covid-19 ont conduit à une chute brutale du PIB de 7,9% en 2020, un niveau jamais atteint en période de paix.
Depuis, l’impact de la crise sanitaire a conduit à une chute des recettes de 63,8 milliards d’euros et à une multiplication des dépenses qui ont fait augmenter en quelques mois de 20 points de PIB la dette publique (Etat, collectivités, santé et organismes de sécurité sociale), cette dernière atteignant 115% du PIB et la somme de 2 650 milliards d’euros en 2020. Un poids qui devrait encore s’alourdir en 2021 (la Cour des comptes anticipe un taux d’endettement rapporté au PIB de 117%).