En France comme en Belgique, les boulangeries étranglées par les prix de l'énergie
Déjà confrontés à l'augmentation du prix de certaines matières premières, les professionnels du pain redoutent des fermetures en cascade en raison des hausses des factures énergétiques. Le prix de la baguette pourrait grimper de 30%.
Un produit du quotidien, voire un symbole, est à son tour touché par la crise énergétique : la baguette de pain, très prisée en France comme en Belgique, risque fort de voir son prix augmenter fortement en raison de la flambée des prix du gaz et de l'électricité.
Si une hausse de 4 centimes sur un an avait déjà été constatée en juin, les boulangers et leurs représentants prévoient désormais une augmentation bien plus conséquente, après avoir absorbé dans un premier temps les surcoûts liés à l'augmentation du cours du blé. Les hausses des prix de l'énergie représentent ainsi la «cerise sur le gâteau», selon les mots de Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie pâtisserie française (CNBPF), qui s'est exprimé auprès de BFM Business.
A l'heure où les gouvernements recommandent aux citoyens de faire preuve de «sobriété», les boulangers ne peuvent en effet pas se passer de leurs fours très énergivores, qui fonctionnent au gaz ou à l'électricité. «Difficile de cuire un pain à basse température», a ironisé, côté belge, Albert Denoncin, le président de la Fédération des boulangers francophones, auprès de la RTBF. Ce dernier a aussi cité les chambres froides utilisées par la profession, également voraces en électricité.
Selon les deux représentants, il est impensable de ne pas répercuter ces hausses sur le consommateur. «Le boulanger qui n'augmentera pas sa baguette, il fermera», a plaidé Dominique Anract, se disant persuadé que «les consommateurs comprendront». «Je suis contacté par de plus en plus de boulangers qui n’arrivent plus à honorer leurs factures énergétiques», a abondé son homologue belge, ajoutants qu'«elles sont toutes touchées», et redoutant une vague de fermetures combinée à la fuite de la clientèle vers les grandes surfaces, qui peuvent se permettre des ventes à perte sur le pain en les compensant par la vente d'autres produits.
Un prix de la baguette en hausse de 10% à 30%
Selon les estimations de la CNBPF, si le prix de l'énergie est multiplié par trois, un boulanger devrait augmenter ses prix de 10 à 15% pour tenir à flot son activité ; s'il est multiplié par cinq, il faudrait quasiment afficher une hausse de 30%. Comme le rappelle BFM Business, «une baguette classique était vendue 94,5 centimes d'euro en moyenne en août 2022» et une baguette tradition «généralement entre 1 euro et 1,30 euro». Avec les hausses, ce type de baguette pourrait donc franchir le seuil de 1,50 euro.
S'agissant des aides étatiques au secteur, le budget français pour l'année 2023 prévoit certes que les entreprises de moins de dix salariés continuent à bénéficier du bouclier tarifaire, à la différence de boulangeries plus importantes qui devront tenter d'assumer la hausse de leurs factures. Au-delà de la baguette, «ce sont tous les produits de boulangerie qui pourraient être concernés», relève BFM Business : sandwichs, viennoiseries et autres pâtisseries devraient voir leur prix augmenter.
L'AFP a relayé des inquiétudes similaires chez les boulangers allemands, déjà nombreux à avoir mis la clef sous la porte selon leur fédération, qui réclame davantage de soutien public. Début septembre, quelque 800 boulangeries germaniques ont ainsi servi leurs clients dans l'obscurité, à l'occasion d'une journée d'action visant à attirer l'attention sur leur sort.
La flambée des prix de l'énergie suscite de fortes inquiétudes au sein des pays de l'UE, qu'il s'agisse des collectivités locales ou des entreprises privées, dont certaines ont déjà décidé d'arrêter leur production.