Le Niger veut élargir sa coopération militaire et économique avec la Russie
Le Premier ministre nigérien a évoqué le 18 décembre la volonté de Niamey de donner un coup d'accélérateur à sa relation avec Moscou qui, bien qu'ancienne, reste limitée. Un rapprochement qui s'opère sur fond de départ de la présence française, et européenne en général.
«Il faut répéter que le Niger et la Fédération de Russie se retrouvent. Nous essayons d'aller encore plus en avant dans tous les secteurs clés de l'économie et de la sécurité», a déclaré le 18 décembre le Premier ministre nigérien Ali Mahamane Lamine Zeine lors d'une interview à RIA Novosti.
Relance de la coopération militaire
Le Premier ministre a rappelé que le Niger avait acheté à Moscou en 2007 du matériel militaire, notamment aérien, qui lui avait permis de lutter contre la criminalité. Il a indiqué que les accords de cette coopération, concernant en particulier l'entretien de ces matériels, avaient été renouvelés.
Le chef de l'exécutif a par ailleurs évoqué la visite à Niamey, le 3 décembre dernier, du vice-ministre russe de la Défense Younous-Bek Evkourov, estimant qu'elle participait à «l'approfondissement» de la coopération entre les deux pays. L'Agence nigérienne de presse (ANP) a indiqué que la rencontre s'était achevée par «la signature d'un document d'entente du renforcement de la coopération militaire entre la République du Niger et la Fédération de Russie».
Priorité donnée à la coopération agricole
Reste que les relations commerciales entre le Niger et la Russie sont encore au stade embryonnaire. Ali Mahamane Lamine Zeine a jugé que le secteur agricole était à développer en priorité, soulignant que les Nigériens étaient «au fait du niveau de la Russie en matière de production agricole» et que, le Niger étant «immense», ils avaient «bien sûr l'intention de renforcer la coopération dans ce domaine».
Interrogé sur l'éventualité d'une visite à Moscou, le Premier ministre a exprimé le souhait que «tout cela arrive et se concrétise dans les prochaines semaines», assurant qu'il «n'excluait pas d'effectuer un voyage pour en tirer le maximum de bénéfice».
L'Union européenne mise à distance
Son enthouasiasme s'est révélé moindre à l'égard de l'UE. «J'espère que la voix de la raison sera entendue et que, si [les Européens] le souhaitent, nous pourrons relancer notre coopération qui, cette fois-ci, devra être basée sur un respect mutuel», a tancé le Premier ministre, qui était interrogé sur les futures relations du Niger avec l'Union européenne.
Le 4 décembre, le pouvoir nigérien a mis fin à deux missions de l'Union européenne de défense et de sécurité. En juillet 2012, le Conseil européen avait approuvé une mission civile de lutte contre le crime organisé et le terrorisme dans la région du Sahel (EUCAP Sahel). Elle consistait en formation des forces de sécurité et en aide juridique aux autorités du Niger. Comptant 130 coopérants, son terme initial était fixé à septembre 2024.
Cette décision intervenait le lendemain de la visite de la délégation russe et moins de deux semaines après que le Parlement européen a adopté une résolution condamnant le coup d'État et réclamant la libération de Mohamed Bazoum, le président déposé le 26 juillet. Par ailleurs, une des premières exigences du nouveau pouvoir en place du général Tiani a été le départ de la présence française, à laquelle Paris a fini par se résigner et qui sera effective à la fin de l'année 2023.