Le MI5, vivier d’espions en péril face à l’appât du gain dans le secteur privé
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Les services de renseignement et de sécurité britanniques subissent des problèmes de recrutement et de rétention des espions à cause des coupes budgétaires et les gels de promotions du personnel, au profit du secteur privé qui séduit par des hauts salaires et des conditions de vie moins contraignantes.
Une enquête du quotidien britannique The i Paper a révélé le 19 juillet une hémorragie de talents dans les services de renseignement britanniques, qui cèdent aux offres d’emploi du secteur privé offrant de meilleurs salaires, une meilleure progression de carrière et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, selon des déclarations de sources sécuritaires.
Les coupes budgétaires, le gel des promotions et les menaces grandissantes des États hostiles envers le Royaume-Uni plombent sérieusement le recrutement de talents en espionnage au MI5, au MI6 et au sein de l'agence de communication britannique (GCHQ). Cette situation a entraîné une réduction des ressources qui a pénalisé, voire interrompu, des opérations potentiellement sensibles visant à assurer la sécurité du pays, selon une source sécuritaire citée par The i Paper.
Plus de transfuges vers le secteur privé
D’après le quotidien britannique, le MI5 fait face à des problèmes de rétention des jeunes fonctionnaires occupant des postes d'analyste du renseignement cherchant des postes en dehors du secteur public. Des sources sécuritaires ont indiqué que les nouvelles générations d’espions étaient désormais à la recherche de salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail offertes par des sociétés privées de renseignement et de défense.
La nature hautement risquée du travail au sein de MI5, ainsi que les lois draconiennes sur le secret professionnel, compliquent la recherche d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour les espions. Ces problématiques ne se posent pas dans le secteur privé, dont les rémunérations dépassent largement les 39 000 livres de salaire de départ au MI5. Dan Lomas, professeur adjoint de relations internationales à l'Université de Nottingham, a expliqué que la rétention des talents était un défi, car les postes de direction au MI5 sont limités, pointant une intensification de la concurrence avec le secteur privé, où l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, la rémunération et l'évolution de carrière sont plus attractifs, favorisant ainsi les transfuges du secteur public vers le privé parmi les espions.
Moins d’espions, plus de pressions sécuritaires
Les pressions sécuritaires augmentent au Royaume-Uni, où la menace croissante des États hostiles et des sabotages locaux atteignent des niveaux comparables à ceux de l'époque de la Guerre froide, explique The i Paper. Les tensions géopolitiques et les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient ont accru les besoins en personnel pour lutter contre les gangs criminels, les cyberattaques et les tactiques militaires de la « zone grise » (les espaces qui échappent aux contrôles des États).
Selon le ministre de la Sécurité, Dan Jarvis, le nombre d'enquêtes sur les menaces étatiques menées par le MI5 a augmenté de 48 % en 2024, or les recrutements de personnel nécessaires pour contrer ces menaces à la sécurité nationale sont entravés par le manque de financement.
Face aux problèmes de rétention du MI5, le gouvernement a pris des mesures pour attirer des talents en cyberdéfense à Whitehall (métonyme pour la fonction publique et les ministères britanniques), en proposant des postes assurant le renforcement des capacités des ministères, tout en allégeant la pression et la dépendance vis-à-vis du renseignement britannique, à des salaires pouvant aller jusqu’à 45 000 et 55 000 livres par an dès le premier poste. À noter que le salaire moyen au Royaume-Uni est d'environ 37 000 livres par an.
