Négociations avec la Russie : Zelensky suggère d'utiliser le format de l'accord en mer Noire
Kiev n'exclut pas des pourparlers de paix avec Moscou, mais ceux-ci ne peuvent avoir lieu que par des intermédiaires, a déclaré le 30 juin le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky au Philadelphia Inquirer. Il a suggéré que le format utilisé pour négocier l’accord céréalier de la mer Noire de 2022 pourrait servir de base à des négociations.
«Il est impossible d'aider l'Ukraine d'une main et de serrer la main de Poutine de l'autre», a estimé Volodymyr Zelensky le 30 juin dans le Philadelphia Inquirer. «Un cessez-le-feu est la meilleure option pour les Russes afin qu'ils puissent se préparer à prendre encore plus de terres», a-t-il aussi ajouté, avant de s'en prendre à Donald Trump et à son intention de régler le conflit en Ukraine en 24 heures : «Si Trump a un tel modèle, eh bien, tout le monde voudrait finir la guerre. Peut-être même en une heure, ce serait mieux».
Le politicien ukrainien a néanmoins affirmé que l’Ukraine «peut trouver un modèle» pour un éventuel règlement avec la Russie, évoquant l’accord négocié il y a deux ans par la Turquie et l’ONU ayant permis l’établissement d’un corridor pour les exportations agricoles depuis les ports ukrainiens. Selon Zelensky, un tel mécanisme, qui a vu Ankara et l'ONU signer des accords séparés avec Moscou et Kiev, «a fonctionné».
Des accords sur « l’intégrité territoriale, l’énergie et la liberté de navigation » pourraient, selon Zelensky, être conclus entre Moscou et Kiev selon le même format.
Zelensky cherche-t-il une issue ?
Ces propos interviennent alors que l’Ukraine maintient son refus des conditions russes comme base de négociations, accusant Moscou d’être incapable de traiter de bonne foi. Le contexte en Ukraine reste néanmoins rigide : fin 2022, les autorités de Kiev ont adopté un décret proclamant «l’impossibilité» de pourparlers avec Moscou tant que le président russe Vladimir Poutine serait au pouvoir.
Zelensky a par ailleurs suggéré que d'autres pays soient invités à jouer le rôle de médiateur. « Personne ne devrait dire qu'il s'agit simplement de l'Europe et des États-Unis », a-t-il déclaré, estimant que les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du Sud devraient participer et aider à préparer les documents qui seraient présentés à Moscou et à Kiev.
«Jusqu'à présent, il n'existe que ce modèle», a fait valoir Zelensky. Il a toutefois souligné que l’accord final devait «convenir» à Kiev et être basé sur les conditions ukrainiennes.
Zelensky cherche depuis longtemps à promouvoir sa propre « formule de paix » en dix points, impliquant entre autres la réaffirmation des frontières de l'Ukraine de 1991, le retrait total des troupes russes, l'instauration d'un tribunal pénal international pour juger les «crimes de guerre russes» et une déclaration de la fin de la guerre.
Des conditions irrecevables selon Moscou qui, de son côté, se dit prêt à reprendre les négociations, mais en se basant sur « la réalité du terrain ». Dans un discours de politique étrangère prononcé le 14 juin, Vladimir Poutine a déclaré que les autorités russes étaient prêtes à entamer des négociations avec l’Ukraine dès lors que celle-ci retirerait ses troupes des Républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL) ainsi que des régions de Zaporojié et de Kherson, et accepterait d’opter pour un «statut neutre – non aligné, non nucléaire», mais aussi une «démilitarisation» et une «dénazification», et une levée des sanctions contre la Russie.
Bien qu’elle ait rejeté les conditions russes, Kiev a récemment indiqué son désir de voir les combats prendre fin. Volodymyr Zelensky a déclaré dans la semaine ne pas vouloir «prolonger la guerre» ou la faire «durer des années».