Le New York Times alerte sur les restrictions à la presse en Ukraine

Le New York Times alerte sur les restrictions à la presse en Ukraine© URS FLUEELER / POOL / AFP
Volodymyr Zelensky au forum de paix en Suisse le 16 juin 2024.
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Un article du New York Times publié le 18 juin s'inquiète des mesures prises par Kiev pour contrôler la presse ukrainienne. Les journalistes font état d'une forme d'autocensure et ne peuvent pas interviewer des membres de l'opposition. Le SBU a également espionné les agences de presse étrangères.

Pressions sur les journalistes pour éviter d'interviewer des membres de l'opposition ukrainienne, espionnage ou encore restrictions de la liberté de la presse : une enquête du New York Times publiée le 18 juin sonne la sonnette d'alarme sur les méthodes peu démocratiques du régime de Kiev. 

Les journalistes ukrainiens et les agences de presse sont montés au créneau pour dénoncer les tentatives de restriction de la liberté de la presse dans le pays sous Volodymyr Zelensky, a rapporté le quotidien américain.

Selon l'article, les restrictions et les pressions exercées sur eux par le gouvernement de Kiev vont au-delà des besoins de sécurité de l'Ukraine dans un contexte de conflit avec la Russie. Le parti nationaliste de l'ancien président Petro Porochenko serait particulièrement visé.

Espionner les journalistes étrangers par le judas 

Les journalistes ukrainiens interviewés regrettent une forme d'«autocensure», évitant toute «couverture critique du gouvernement pour éviter de saper le moral» et même pour filtrer les informations sur la corruption dans le pays qui pourraient «dissuader les partenaires étrangers d'approuver l'aide», précise le New York Times.

Par ailleurs, les journalistes de l’agence Ukrinform, censée être non partisane, ont reçu à la fin de l’année dernière de leur direction «une liste de personnalités de l’opposition» et d’élus locaux qualifiés d’«indésirables». Cette liste comprend entre autres le nom du maire de Lvov, Andrey Sadovoy, considéré comme un possible futur candidat à la présidentielle, donc potentiel opposant à Volodymyr Zelensky.

La directrice adjointe d'Ukrinform, Marina Singaevskaya, a démissionné cette année, dénonçant une ingérence politique des autorités. «Si nous nommons des orateurs désirables et indésirables, c'est un grand pas en arrière pour la démocratie», a déclaré au New York Times Yury Stryhun, journaliste à Ukrinform.

Des journalistes américains bannis

Le mois dernier, l'organisme ukrainien de surveillance des médias, Detector Media, a déclaré que les membres du parti Serviteur du peuple de Volodymyr Zelensky représentaient environ 70% des invités politiques du Télémarathon, une émission multicanal 24 heures sur 24 mise en place par le gouvernement de Kiev. La seule chaîne qui a accordé du temps d'antenne aux représentants du parti Solidarité européenne de Petro Porochenko pendant le Télémarathon était Yury Suspilne, qui s'est depuis retirée du projet. La direction de la chaîne a déclaré que sa décision d'abandonner le Télémarathon était liée aux pressions du gouvernement, selon l'enquête du quotidien américain.

Le journal new-yorkais note que les autorités ukrainiennes ont également eu des «relations tendues» avec les médias occidentaux tout au long du conflit, puisqu’elles ont révoqué les laissez-passer de presse militaire des journalistes de plusieurs médias, dont le New York Times, à la suite d’articles critiquant l’armée. Cependant, les informations d'identification ont été restaurées par la suite, ajoute-t-il.

Il mentionne également un événement, qui a cette fois fait la une des journaux en Ukraine en janvier, lorsqu'il a été révélé que des agents des services de sécurité ukrainiens (SBU) avaient espionné des journalistes assistant à une fête organisée par un site d'information d'investigation, en perçant les judas de leurs chambres d'hôtel.

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