Période mouvementée pour le Bitcoin, qui devient une monnaie légale au Salvador
- Avec AFP
Une valeur en chute et un crash informatique ont accompagné la légalisation du bitcoin au Salvador, où l'adoption de la cryptomonnaie au côté du dollar ne fait pas l'unanimité. Les commerçants ont dû ouvrir de nouvelles options de paiement.
Le Salvador est devenu le 7 septembre le premier pays au monde à avoir fait du Bitcoin une monnaie légale, à côté du dollar américain. Dans le pays, les grandes multinationales, dont McDonald’s et Starbucks, ont dû «ouvrir des options de paiement» en cryptomonnaie, comme le relate le site francophone spécialiste des cryptomonnaies cryptoast.
Critiquée par les organismes financiers internationaux, l'initiative a débuté avec un crash du système informatique et une importante chute de la valeur de la cryptomonnaie, avant un léger rebond. Comme le rapporte l'AFP, le Bitcoin vient en effet de subir ses plus fortes pertes depuis son plongeon de mai.
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Le dollar reste la monnaie de référence
Le gouvernement a acheté ses 400 premières pièces, pour une valeur marchande de 21 millions de dollars. Il a également lancé le porte-monnaie électronique «Chivo» («Super», en langage familier) nécessaire pour effectuer des transactions de la vie quotidienne en Bitcoins avec son téléphone portable et offert 30 dollars de bienvenue lors de son téléchargement. Les Salvadoriens conservent cependant la possibilité, lors d'une transaction avec le portefeuille électronique Chivo, de convertir immédiatement le montant en son équivalent en dollars.
«Personne n'est obligé d'utiliser [le Bitcoin], le dollar est la monnaie de référence pour les prix, les salaires et les enregistrements comptables dans le pays», souligne le gouvernement, qui a affecté 203 millions de dollars a un fonds destiné à garantir la convertibilité automatique du Bitcoin en dollars américains.
Pour rappel, le Parlement salvadorien a voté en juin la loi stipulant que la valeur du Bitcoin «sera établie librement par le marché» et obligeant tout commerce à «accepter le Bitcoin comme moyen de paiement». Selon le chef de l'Etat et son gouvernement, le Bitcoin pourrait entre autres permettre à la population d'économiser 400 millions de dollars de frais bancaires lors des envois d'argent par la diaspora, notamment installée aux Etats-Unis, qui représentent 22% du PIB du pays.
Une cryptomonnaie qui ne fait pas l'unanimité
Selon de récents sondages, plus des deux tiers des 6,5 millions de Salvadoriens disent vouloir continuer à utiliser exclusivement le dollar américain, la monnaie légale du Salvador depuis 20 ans. La capitale du pays a d'ailleurs été le théâtre d'une mobilisation contre l'adoption du Bitcoin, les manifestants dénonçant la volatilité de la cryptomonnaie, mais aussi le blanchiment d'argent qu'elle pourrait permettre à grande échelle.
En ce premier jour de légalisation du Bitcoin dans le pays, ses partisans se sont vantés sur les réseaux sociaux d'avoir effectué des transactions de la vie courante avec la cryptomonnaie.
This is to all the critics who said #Bitcoin would never be used to buy coffee. Just payed for mine at Starbucks in #ElSalvador. I just hope this doesn’t become the new 10,000 BTC pizza… pic.twitter.com/JXXGJbKKOG
— Mario Aguiluz (@maguiluz301) September 7, 2021
Des économistes, mais également la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque interaméricaine de développement (BID) ont quant à eux exprimé leur scepticisme.
Avant l'apparition d'une nouvelle monnaie dans leur portefeuille, les Salvadoriens se montraient réservés, «ne voyant pas en quoi elle aura un impact positif pour changer de manière significative leurs conditions de vie», selon la directrice des sondages de l'Université centraméricaine (UCA) Laura Andrade, citée par l'AFP.
Ils plébiscitent néanmoins à plus de 80% leur président de 40 ans, qui interagit énormément sur les réseaux sociaux et apparaît en toutes circonstances avec une casquette vissée à l'envers sur la tête.